Le dossier, très dense et sans blabla théorique, s’intitule : Comment créer un média non-lucratif?
C’est ici. Je partage sur Papier Brouillon mes notes de lecture qui pourront peut-être intéresser quelques personnes. Précision : ce sont des notes subjectives et surtout sélectives. Le dossier en lui-même est beaucoup plus étayé et il contient de nombreux liens en prolongement. Bref, une mine d’or.
Il deviendra votre document de référence tout au long de votre projet. Celui-ci doit être toujours tourné vers le service que vous pouvez rendre au public. Il faut que cette mission ait un but d’utilité publique comme « accroître la participation civique » ou « chercher les solutions aux problèmes ».
La naissance d’un média à but non-lucratif fait cohabiter tout un tas d’acteurs différents, lecteurs et bailleurs de fond notamment. D’où la nécessité de mettre en place des mécanismes pour protéger la mission de votre projet et surtout pour répondre par avance aux possibles accusations qui peuvent « tuer » un projet éditorial. Quel argent acceptez-vous ou (ou pas) ? Que faites-vous si l’un des vos enquêtes porte sur l’un de vos donateurs ? Cette nécessité de transparence concerne aussi l’éthique, la collecte de fonds, la vérification des faits ou le sort des données recueillies.
On croit souvent à tort que les organismes sans but lucratif et ceux qui les dirigent n’ont pas besoin de se concentrer sur la recherche d’argent. Erreur ! Comme toute entreprise normale, un média à but non-lucratif doit s’appuyer sur un business plan qui tient compte des ressources et des dépenses, et doit suivre une stratégie marketing au service d’une croissance à venir. La seule différence est que l’argent est réinvesti dans l’association et pas redistribué.
Votre business plan doit vous aider dans la recherche de subventions et de dons. Il vous sert aussi d’outil de transparence pour vos donateurs. Principaux dépenses d’un média non-lucratif : salaires (+ charges), loyer et fournitures, voyage, recours à des entrepreneurs extérieurs, équipement, marketing, coût de collecte de fond. Ressources : mécénat, dons des particuliers, subventions, vente, formation, événements, revente contenus, déclinaisons papier, consulting…
Commencez par rassembler tous vos mails pour lancer une alerte ou un bulletin électronique. . Ancrez votre projet dans les réseaux sociaux. Mettez en ligne une vidéo présentant le projet. Utilisez Twitter comme un moyen informel d’avertir vos lecteurs de l’avancée du projet. Soyez accessibles et dialoguez.
Le travail de création d’une communauté est une forme essentielle pour le bon développement de votre projet. C’est la meilleure façon de faire vous faire connaître sans argent. Listez les groupes, associations, acteurs, personnes que vous voulez atteindre et avec qui vous souhaitez travailler. Une fois fait, établissez un planning pour les rencontrer. Organiser des réunions avec des personnes clés de votre secteur pour leur expliquer ce que vous faites. Ils pourront peut-être vous offrir quelques portes. Faites la promo de votre projet, dans la presse, la blogosphère ou lors de conférences.
Collaborez avec d’autres sites, d’autres médias, d’autres communautés. Partagez et faites connaître l’information que vous produisez. Laissez d’autres médias enrichir (photo, infographie) vos histoires et vos enquêtes. Faites équipe avec d’autres journalistes. Travaillez à plusieurs. Faites de la promotion croisée.
Attention : il faut une relation gagnant-gagnant. Alors avant de vous lancer dans une collaboration, vous devez vous poser plusieurs questions : est-ce le meilleur partenaire pour mon entreprise? Comment puis-je établir une collaboration ? Quelle est la réputation de ce partenaire ? Que m’apporte-il (plus d’audience, ressources complémentaires, enrichissement). Toujours se baser sur son intitulé de mission. Et rappelez-vous que les organisations ne collaborent pas ensemble, ce sont les gens.
N’hésitez pas à lancer très vite un site, même une seule page, où vous pourrez collecter les adresses email de ceux qui veulent avoir plus d’infos sur le développement du projet. Ensuite, privilégiez un site fiable techniquement qu’une usine à gaz. Cependant, ne croyez pas que les gens vont venir sur votre site simplement parce que votre contenu est bon. Allez chercher les internautes là où ils sont, notamment sur les réseaux sociaux (Facebook et dans une moindre mesure Twitter). Soignez votre présence sur ces réseaux. C’est la porte d’entrée de votre travail.
Fixez-vous des objectifs, définissez des critères concrets, quantifiables et réalisables pour mesurer votre avancée, et tenez-y vous. Par exemple : « je vais livrer X enquêtes dans l’année ». Mesurer votre audience, l’importance de votre communauté, l’audience de vos histoires qui rencontrent le plus de succès et qui montre l’impact de votre travail. Votre impact, c’est aussi le nombre de gens que vous aurez éventuellement formés ou le nombre de personnes présentes à vos conférences. Ces mesures de votre impact seront inclus dans vos rapports, auprès de bailleurs de fond et dans les demandes de subventions.
Soyez à l’écoute des premiers retours de vos premiers lecteurs. Mon organisation est sur la bonne voie ? Quelles nouvelles opportunités devrions envisager ? Nous sommes-nous éloigné de notre mission à cause de la pression des donateurs ?
Après tout votre planification, vous êtes enfin prêt à faire le grand saut. Prenez une grande respiration. Et sautez le pas.
>> Article initialement publié sur Papier Brouillon
>> Photo CC FLlickr : Purdman1, ShironekoEuro[slow]
]]>Traditionnellement, les organisations à but non-lucratif sont des structures fermées qui fonctionnent comme intermédiaire entre les donateurs et les bénéficiaires. Les organisations allouent les fonds aux projets qu’ils ont décidées de doter, et les donateurs soutiennent les organisations, plutôt qu’un projet spécifique. Les bénéficiaires et les donateurs sont aux extrémités opposées de la chaîne – il existe à peine un contact entre eux.
Le rôle des organisations à but non-lucratif comme intermédiaire est en train de changer. Les donateurs peuvent à présent soutenir un projet en particulier plutôt qu’une organisation dans son ensemble. Aujourd’hui, les donateurs peuvent aussi avoir un contact direct avec les bénéficiaires. Par exemple, sur la plateforme de micro-prêts Kiva.org, un donateur peut directement prêter de l’argent à tel entrepreneur, et sur des services de crowdfunding comme Spot.Us et KickStarter, un donateur peut soutenir exactement le type de journalisme ou le projet qu’il apprécie.
La foule peut s’organiser elle-même autour d’objectifs, de campagnes et de projets sans les structures que les organisations fournissent traditionnellement. Les gens n’ont pas besoin d’un intermédiaire, tout non-lucratif qu’il soit, pour provoquer l’impact qu’ils souhaitent voir advenir.
Ce changement pose un défi pour les organisations non-profit traditionnelles: comment peuvent-elles le tourner à leur avantage ?
La réponse consiste à devenir des plates-formes ouvertes qui facilitent la collaboration dans des espaces ouverts et réduisent radicalement la distance entre le donateur et le bénéficiaire.
Cela commence par l’ouverture des procédés d’attribution des dons – laisser par exemple les donateurs avoir leur mot à dire sur la destination des dons et les projets qu’ils soutiennent.
Autre piste: libérer leurs données pour que tout le monde s’en serve. Les organisations à but non-lucratif ont beaucoup de données intéressantes et rares issues de recherche. Les données pourraient être utilisées de différentes façons dans des buts différents, que ce soit dans la recherche académique ou le développement d’applications pour iPhone.
Connaissez-vous le cas réussi d’une organisation non profit traditionnelle qui a redéfini son rôle et sa structure ? Et sur l’ouverture des données ? Est-ce que quelque part dans le monde une structure à but non-lucratif a ouvert des données ?
Si vous avez des réponses, n’hésitez pas à me contacter: tanja.aitamurto at gmail.com
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Billet initialement publié sur le blog de Tanja, hébergé par le Huffington Post
Illustrations CC FlickR Mr. Kris,
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